La grande histoire de Cormeilles
Les données naturelles
Il faut remonter 60 millions d’années avant notre ère pour découvrir l’origine de la formation du sol vexinois. La mer recouvrait alors le Bassin parisien par périodes. A certains moments de l’ère tertiaire, le Vexin français était donc un golfe. On sait qu’il était immergé il y a 48 millions d’années et que la mer se retira 6 millions d’années plus tard. Ce va-et-vient de la mer a dessiné le relief du Vexin et déterminé la nature de son sol. C’est ainsi que l’on trouve sur la butte de Cormeilles des dépots de gypse, de sable et d’argile. La butte de Cormeilles culmine à près de 160 mètres au dessus du niveau de la mer, et pourtant, lorsque la mer couvrait le Bassin parisien, Cormeilles était parfois immergé. Lorsqu’il était épargné par la montée des eaux, notre terroir voyait se développer une faune et une flore caractéristiques des rivages. Il se trouve encore des fossiles témoignant de époque dans les différentes couches de sédiments qui en forment le sol.
Le peuplement
Les premières traces de l’homme en Vexin français remontent à 600.000 ans avant Jésus-Christ. Jusqu’à l’époque néolithique le Vexin ne comptait sans doute pas plus d’une centaine d’habitants. En ce qui concerne Cormeilles, la découverte d’une fosse-silo laisse à penser que notre territoire était occupé dès l’âge du fer (vers-850). La tribu des Véliocasses, venue d’outre-Rhin, s’installa alors dans un territoire situé entre la Seine et l’Oise et donna son nom au Vexin.
Cormeilles fut un emplacement de choix pour les familles gauloises.
La Gaule, province romaine
La Gaule fut annexée à l’empire romain et son territoire réorganisé. En 22 avant J-C, sous Auguste, les Véliocasses furent intégrés à la Gaulle celtique regroupés dans un pagus, le pagus vulcassinus ou Vexin. La société gallo-romaine était composée à près de 90% de ruraux. Dans les campagnes les nobles gaullois, romains et de plus en plus gallo-romains possédaient de grands domaines où ils produisaient des charcuteries, du blé et du vin. Est-ce à cette époque qu’apparut à Cormeilles la culture des vignes ?
A Cormeilles
L’existence du village de Cormeilles durant le haut Moyen Age (IV-IX siècle) se trouve attestée par la découverte de nombreuses sépultures datant de cette époque. Après avoir été persécutés, les chrétiens obtinrent le droit de pratiquer leur religion en 313 par l’édit de Milan. Dans le Vexin français, les premiers lieux de cultes se développèrent aux IV – V siècles mais l’archidiaconé du Vexin français ne fut créé qu’au VI siècle. Malgré la titulature ancienne à saint Martin, rien ne permet de rattacher la fondation de l’église de Cormeilles à l’Antiquité tardive ou l’époque mérovingienne.
De précieuses données archéologiques
Les premiers documents manuscrits concernant Cormeilles datent du IX siècle, nous ne pouvons donc que faire des hypothèses quant à l’histoire du village avant cette date, en nous appuyant bien sûr sur l’histoire de France telle qu’elle a été brièvement rappelée précédemment. Heureusement l’archéologie vient opportunément au secours de l’historien. De nombreuses découvertes nous renseignent sur l’implantation humaine dans le village. La présence de sépultures nous permet de situer les habitations dans leur voisinage immédiat. En effet l’habitat rural était concentré autour de l’église, elle-même entourée par le cimetière. Cette configuration spatiale fut celle de Cormeilles jusqu’en 1879.
Les fouilles archéologiques les plus poussées ont été réalisées à la fin du XX siècle. En effet, c’est grâce au projet de déviation de la départementale 915, au début des années 1990, que de nouvelles données archéologiques ont permis d’appréhender de façon plus précise encore l’habitat primitif des Cormeillois. Les fouilles ont mis au jour le hameau de Cormiolles, situé à une centaine de mètres du hameau de Bretagne où ont été découvertes les sépultures gallo-romaines et carolingiennes.
Le nom de Cormeilles-en-Vexin apparaît dans des documents du IX siècle sous le nom Cormilias in page Vulcasino. Il viendrait du gaulois corma qui signifie cormier ou du latin cormella, « le petit cormier ». Le cormier, ou sorbier domestique, produit des fruits appelés cormes ou sorbes ressemblant à de petites poires, et qui sont comestibles lorsqu’ils sont blets. Son bois est très dur et recherché des ébénistes. Présent en grand nombre à Cormeilles, il était cultivé principalement pour ses fruits dont était tirée une boisson aigrelette.
Les premiers seigneurs féodaux
Le nom de Cormeilles apparut pour la première fois dans un document daté de 843, une donation du village à un seigneur. Cormeilles faisait alors partie des possessions de Charles le Chauve. Charles le Chauve donna ainsi Cormeilles au comte de Regnault vers 840, indication donnée dans l’acte de 843. dans ce cas, le roi était propriétaire de Cormeilles. Mais, en 843, lorsqu’il fit ce même don au comte de Gailen, ce ne fut pas dans les mêmes conditions, il lui céda intégralement la propriété de Cormeilles de façon définitive. A cette époque, les Cormeillois ne sont pas des hommes libres, ils sont asservis à la terre et à celui qui la possède, ils sont ce qu’on appelle des serfs. Le comte ne conserva pas Cormeilles très longtemps. Il l’échange purement et simplement contre des biens de l’abbaye de Saint-Denis, vers 850.
En ces temps troublés, il s’agissait pour l’abbaye de Saint-Denis de s’assurer de la part de l’Eglise, mais aussi du pouvoir temporel, la possession de Cormeilles. En 869, les moines, cherchant à créer de nouvelles sources de revenus obtinrent de Charles le Chauve la création d’un marché à Cormeilles et surtout l’exonération de toute taxe. Ce marché franc se tenait tous les mardis.
En 880, les Vikings étaient aux portes du Vexin. Ils s’installèrent peu à peu sur les côtes normandes. En 911, le roi Charles le Simple (879-929), pour préserver la sécurité de la région parisienne qui constituait le cœur de son royaume, accepta de négocier avec Rollon qui tenait les rives de la Seine depuis Rouen jusqu’au portes de la capitale. Le traité de Saint-Clair-sur-Epte créa la Normandie. Le diomaine royal se trouvait ainsi amputé d’une partie du Vexin, qui devint le Vexin normand, alors que se créait le Vexin français qui appartenait toujours au royaume de Francie.
Les origines obscures de l'église Saint-Martin
Même s’il est avéré que son emplacement est fort ancien, l’origine du bâtiment actuel n’est pas clairement déterminée. Son existence est attestée dans l’acte de 1071 qui indiquait que l’archevêque de Rouen cédait l’église et ses revenus à l’abbaye de Saint-Denis.
Il n’existe cependant aucun document mentionnant l’époque de sa construction. En recoupant les analyses de différents architectes, historiens de l’art, on peut adopter les datations suivantes : La nef, érigée à la fin du XI siècle ou du début du siècle suivant, aurait été remaniée et voûtée au XIII siècle. A la même époque, le chœur aurait été reconstruit, puis achevé au XVI siècle. Une autre version situe la construction au début du XII siècle, il s’agit cependant plus d’une légende que de faits historiques avérés. Le village et son église auraient été ravagés par les Normand en 940. L’épisode suivant aurait eu lieu en 1119.
Le roi était alors Louis VI le Gros, engagé dans une guerre sans fin contre le roi d’Angleterre. Il se serait rendu auprès de l’abbé de Saint-Denis, l’abbé Suger, afin de s’assurer la protection divine. Ce dernier lui aurait fait promettre de construire une église qui serait visible des tours de Saint-Denis, en cas de victoire. Louis IV ne parvint pas à battre les Anglais mais il les refoula néanmoins derrière la frontière naturelle formée par l’Epte et signa bientôt un traité de paix. Il devait donc tenir sa promesse. Louis VI signa la paix et revenait vers Saint-Martin lorsque son destrier s’arrêta sur des ruines. Hugues de Gisors et Gauthier de marines s’écrièrent en même temps : »Vois là-bas les tours de Saint-Denis, beau sire ! » Alors le Roi, se jetant de cheval, appela Girard de Chars, lui demanda l’oriflamme et la planta sur la butte en disant qu’il y voulait élever l’église qu’il avait promise au seigneur abbé. Cette butte était celle de Cormeilles ». En réalité, même si tous les personnages de cette histoire ont réellement existé, il s’avère que cette campagne contre les Anglais n’a débuté qu’en 1124 et non en 1119.
Deux dynasties de seigneurs : les Dampont et les La Fontaine
Les dampont (1370-1555) : Nous avons vu pour la première fois apparaître le nom de Dampont lors du mariage de la petite-fille du dernier maire de Cormeilles, Perrine Boucher et d’Olivier de Dampont. Il apparaît que, non content de recueillir l’héritage du dernier maire de Cormeilles grâce à son épouse, Olivier s’appropria également une partie de celui des sires de Cormeilles.
Les La Fontaine (1556-1695) : La famille La Fontaine était alliée aux Dampont. Louis Ier de La Fontaine épousa Catherine Roussin en secondes noces, après avoir été marié à Isabelle de Vion. Le couple, installé au château de Cormeilles, eut deux enfants : Antoinette, née entre 1556 et 1560. Louis, deuxième du nom, naquit en 1561. Louis II de La Fontaine succéda à son père en 1579, à 18 ans. Sept ans plus tard, il racheta la part de l’héritage qu’avait reçue sa sœur. Jusqu’en 1588, Cormeilles et ses seigneurs vécurent une période de relative prospérité. La période d’août 1588 à août 1589 fut synonyme de bouleversements nombreux. Les affrontements entre huguenots et Ligueurs atteignaient alors leur paroxysme dans la région et Cormeilles eut à en subir les conséquences. Dès le mois d’août 1588, Louis de La Fontaine, conscient de la menace que représentaient les hordes de partisans, de l’un ou de l’autre camp, obtint du roi Henri III d’élever les défenses. Les habitants se réunirent donc pour délibérer sous l’égide des juges royaux. Cette assemblée comptait les plus anciennes familles de Cormeilles : Maitre, Quentin, Deschamps, Caffin, Guéribout, Fournier, Soret, Aubry, Dubray, Sergent, Gosse, Roger. Un plan des fortifications dont il ne reste rien, fut adopté et des chefs de défense furent élus. L’année 1589 vit un retournement de situation pour le moins étonnant Le Seigneur de Cormeilles passa dans le camp des Ligueurs et participa avec sa troupe à la défense de Pontoise assiégé par les troupes du roi et de son allié, Henri de Navarre. Les troupes royales sortirent vainqueurs de cette bataille. C’est dans cet épisode qu’est à rechercher l’origine d’un des plus anciens monuments de Cormeilles, l’Ecce Homo. Il s’agit d’une représentation du Christ humilié. « Ecce Homo », qui veut dire « Voici l’homme », sont les paroles prononcées par Ponce Pilate après le martyre du Christ, lorsque son corps crucifié a été présenté au peuple. Le monument a été érigé entre 1589 et 1594. L’Ecce Homo a été classé monument historique en 1922. Louis de La Fontaine mourut à l’âge de 41 ans , en laissant une veuve et quatre enfants. Charles reçut bien sûr Cormeilles qui était le principal fief de sa famille.
Charles de La Fontaine épousa en 1619 Madeleine de Barbésy. En 1621, elle lui donna une fille, Antoinette, mais mourut peu après l’accouchement. Trois ans plus tard, Charles se remaria avec Catherine de La Moriciére. Ils eurent trois enfants : Charles Philippe, né en 1635, Renée et Anne Louise, née en 1636. Charles de La Fontaine mourut en 1643. Catherine de La Moriciére aurait pu s’éteindre paisiblement en sachant qu’elle avait défendu au mieux les intérêts de son fils mais celui-ci la précéda dans la mort, alors qu’il venait d’atteindre 30 ans. Charles Philippe de La Fontaine n’ayant pas de descendance, légua ses biens, c’est à dire le fief de Cormeilles, à sa sœur Anne Louise, l’usufruit revenant à sa mére. Les campagnes vexinoises eurent à subir vingt années de disette presque continuelle. Les Cormeillois furent décimés par la famine et les épidémies : entre juillet 1693 et janvier 1695, 165 périrent dont 68 adultes, 77 enfants et 20 nourrissons. Les paysans se trouvaient forcés de vendre leur terre pour pouvoir acheter de la nourriture à leur famille, car les récoltes étaient médiocres.
Cormeilles aux dames de Saint-Cyr 1697-1789
En 1697, Anne Louise de La Fontaine qui avait réussi à conserver le château et ses terres pendant un moment, dut se résoudre à les vendre à celles qui étaient devenues dames de Cormeilles. Ainsi le 5 juillet 1697, la maison de Saint- Cyr acheta le domaine des La Fontaine pour 42000 livres
Aux souvenirs d’un patrimoine emblématique
L’église Saint-Martin
C’est une église catholique paroissiale. Elle se compose de deux parties bien distinctes séparées par le transept qui porte en même temps le clocher central. La nef est de style roman, et ses grandes arcades retombent sur des chapiteaux très archaïques. Pour la plupart des auteurs, ils permettent une datation pour le dernier quart du XI e siècle, mais certains estiment le début du XII e siècle plus probable. En tout cas, c’est l’une des plus anciennes nefs conservées dans le département. Environ un siècle après sa construction, elle a été voût ée d’ogi ves. Le transept est contemporain de la nef et conserve deux voûtes en berceau et une voûte d’arêtes d’origine, ce qui est rare dans la région. Ses peintures murales du XIV e siècle sont également intéressants. Le chœur a été entièrement reconstruit au milieu du règne de saint Louis et montre une élévation ambitieuse sur trois niveaux, avec triforium. Influencé par la basilique Saint-Denis, il est tout à fait représentatif de l’architecture parisienne de l’époque.
L’étage des fenêtres hautes n’a toutefois été construit ou achevé qu’au XVIe siècle. En raison d’arc-boutants défectueux, les voûtes du chœur menacent de s’effondrer vers 1970, et le chœur doit être étayé pendant trente-cinq ans en attendant sa restauration. Celle-ci a été achevée en 2008 et l’ensemble de l’église se présente aujourd’hui dans un excellent état. Elle est classée monument historique depuis 1911.
Il est possible de visiter l’Eglise sur demande ou pendant les « journées du Patrimoine »
Monument de l’Ecce homo
Au cimetière, RD 190 (classé monument historique par arrêté du 20 juillet 1942) : Il s’agit d’une petite niche posée sur un socle maçonné, et présentant une statue mutilée du Christ au moment de sa résurrection. La niche, en plein cintre, est flanquée de deux colonnes corinthiennes et surmonté d’une métope avec une inscription devenue à peu près illisible, puis d’un fronton triangulaire. Ecce homo est une expression latine signifiant « voici l’homme ». C’est l’expression utilisée par Ponce Pilate dans la traduction de la Vulgate de l’évangile de Jean lorsqu’il présente Jésus à la foule, battu et couronné d’épine.
Le Presbytère
Situé à proximité de l’église, le bâtiment, propriété de la commune, a été inauguré lors des voeux 2023. le bâtiment communal et son jardin dénommés Lieux de vie partagés « LE PRESBYTÈRE » au 5 rue de Montgeroult 95830 CORMEILLES EN VEXIN accueilleront des évènements artistiques, culturels, festifs, sportifs, liés à la santé, au bien-être, à la sécurité ou solidaires.
La Fontaine publique
Elle se situe au-dessous du niveau de la rue, sous une arcade plein centre. Le terre-plein devant la fontaine est entouré de murs de soutènement, et un escalier en pierre y donne accès. Dans sa forme actuelle, la fontaine daterait du XIX e siècle.
L’ancien relais de poste
Il est rue Curie : Située sur l’ancienne route de Paris à Dieppe, ce grand bâtiment du XIX e siècle possède deux ailes latérales, et un porche au centre du bâtiment principal donne accès à la cour arrière. Au début du XX e siècle, le complexe a été transformé en relais de chasse, et Sarah Bernard y séjourne en 1902. Puis l’affectation change de nouveau en 1910 quand une laiterie s’y installe. Elle récupère les caves voûtées de la cour pour y entreposer les produits laitiers au frais.
Le calvaire
Il est rue de Grisy : Cette croix en bois remplace un crucifix en fonte du XIX e siècle, et est planté dans un socle constitué d’un amas de cailloux, symbolisant le Golgotha.